Syndrome de Diogène : succession,tutelle ….comment faire ?
Prendre en compte une maison, ou un appartement, appartenant, ou ayant appartenu à une personne victime d’un syndrome de Diogène est presque toujours une surprise ,un choc , une épreuve ….
Cela arrive la plupart du temps lors d’une succession, d’une tutelle, d’une hospitalisation .
Faire appel à un professionnel du debarras, du nettoyage, à un brocanteur spécialisé, est alors presque toujours la meilleure des solutions .
Les symptômes :
Les observations visibles sur un logement occupé par une personne atteinte de ce syndrome :
– Abords non entretenus, envahis par la végétation, par des détritus divers, par des véhicules à l’abandon, par des accumulations plus ou moins organisées (bouteilles , bidons, electroménagers ) ; fréquentation ou errance de nombreux animaux domestiques . Dans certains cas, liés à d’autres pathologies, des pancartes avec sentences,menaces ou avertissement divers, peuvent être affichés à l’entrée .
– Locaux semblants mal entretenus, porte d’entrée en mauvais état, difficile à ouvrir, problèmes sur les toitures, volets fermés, odeurs parfois à l’extérieur….
– A l’intérieur :
* envahissement systématique des pièces par des accumulations diverses de journaux, cartons, boites, nourriture stockée, ou avariée . Certaines pièces peuvent être inaccessibles par l’accumulation, presque jusqu’au plafond, d’objets divers . Des couloirs, ou tranchées de déplacement, peuvent subsister entre les pièces.
* odeur tenace (qui est souvent à l’origine des signalements et plaintes par le voisinage, ou les autorités ), pouvant être due à de la nourriture périmée ou en décomposition; à des excréments; à la présence d’animaux (domestiques ou nuisibles); à une absence d’hygiène (toilettes jamais lavées, coupures d’eau, d’électricité ); pas d’aération .
* logements souvent sombres de par l’occultation de beaucoup d’ouvertures (portes,fenêtres)
* aucun entretien de la maison : poussière épaisse, toiles d’araignées, humidité,semblant dater de mois, voire d’années …
* possibilité de dégradations importantes sur le logement : toiture éventrée, planchers pourris suite à des fuites d’eau, calcinations due à des départs de feux …. etc
* destination des pièces pouvant être difficile à identifier : la personne peut se « replier », au fur et à mesure de l’envahissement, et changer, par exemple une chambre en cuisine avec réchaud, un grenier en chambre …etc . Le stade ultime peut-être une vie à la rue ou une réclusion dans un véhicule….
Autant dire que face à ces « montagnes » physiques et parfois « chargées » émotionnellement, les héritiers, notaires ,ou mandataires de tutelles font volontiers appel à des professionnels du débarras et du nettoyage .
Le syndrome de Diogène :
Le syndrome de Diogène a été décrit sous ce nom pour la première fois en 1975 par Clark pour caractériser, un trouble du comportement associant une négligence extrême de l’hygiène corporelle et domestique ainsi qu’une accumulation d’objets hétéroclites : la syllogomanie ; qui conduisent à des conditions de vie insalubres . Bien évidemment ces troubles ont existé de tous temps; et étaient – ou reliés à d’autres pathologie : schizophrenie, paranoïa, Alzheimer, psychose, bipolarité – ou nommés différemment : mendiants thésauriseurs, « senile breakdown » ..etc .
Diogène, encore appelé Diogène le Cynique, est né à Sinope 413 ans avant JC . Ce philosophe Grec aurait vécu sale et seul dans un tonneau, comme un ascète, sans aucun objet personnel. Enfin et surtout, ce qui caractérise Diogène est son regard critique sur la société. Il est connu pour s’être promené au milieu de ses contemporains, équipé d’une lanterne et avoir dit cyniquement : » je cherche un Homme, mais je ne vois pas d’Hommes ici » prendre le terme « homme » comme étant celui de » l’idéal humain » que ce misanthrope désespère de trouver .
Il est aussi connu pour sa réplique méprisante à Alexandre le Grand qui était venu le visiter : » Ôte toi de mon soleil »
Les caractères communs à nombreux cas de syndrome de Diogène pourraient être les suivants (source,pour part : CMRR):
– 1 Une absence paradoxale de demande, de plaintes et de besoins ,avec une absence de sollicitation des services médico-sociaux ; un refus de toute aide vécue comme intrusive .
– 2 Une relation aux objets inhabituelle avec, soit -rarement- le besoin ascétique d’une absence totale d’objets (il existe,effectivement, des Diogènes rares par le « vide »; soit, le plus souvent, le besoin d’entasser des objets dans un ordre parfait ou un désordre indescriptible avec un manque de salubrité du domicile. Cet entassement d’objets peut être le résultat, soit d’un comportement passif (la personne ne sait pas jeter les affaires devenues inutiles), soit d’un comportement actif de récupération, de collection et d’accumulation .
– 3 Une relation aux autres étonnante avec, soit rarement le besoin d’aller au contact des autres (ce contact facile avec prosélytisme explique les situations -rares- de « Diogène à deux ou à plusieurs »); soit plus souvent le besoin d’éviter l’humanité . Dans ce dernier cas les liens familiaux ou sociaux sont limités à ceux et celles qui comprennent, tolèrent ou facilitent leur mode de vie, acceptant de les nourrir (« les porteurs de panier ») ou de débarrasser un peu leur domicile pour qu’ils puissent garder un minimum de place pour continuer à y vivre. Les Diogènes peuvent développer une personnalité pré-morbide : méfiante, rusée, distante, une tendance à déformer la réalité.
– 4 Une relation au corps particulière avec, soit -rarement- le besoin d’une attention excessive et bizarre pour sa chevelure (cheveux longs emmêlés et compacts comme ceux d’une perruque, barbe taillée comme un bloc); soit le plus souvent un manque de propreté, avec une tolérance étonnante aux conséquences de ce manque d’hygiène (ongles longs, ulcères variqueux surinfectés, odeur corporelle forte et parfois repoussante)
Causes :
La plupart des études semblent montrer,tout d’abord, que seuls 50% à 60% des cas de syndrome de Diogène sont liés à des pathologies psychiatriques identifiées : démence de type Alzheimer , maladie schizophrénique,trouble paranoïaque,alcoolisme .
Les autres cas pourraient s’expliquer par des parcours de vie ayant créé des personnalités singulières , apparentée à celle Diogène: forte,complexe,originale, misanthrope . Ou bien ces parcours de vie pourraient révéler une blessure , une maltraitance, une accumulation de petites fractures qui mettraient en route un programme de défense mis en place très précocement , afin de palier, « colmater » ; par l’accumulation, une perte ; ou se protéger d’un monde perçu comme hostile . Les deuils, pertes itératives, notamment au cours de la vieillesse, exposent les sujets âgés à des blessures narcissiques et à la problématique de perte d’objet que ce syndrome viserait à combler .
Qui ? Pas de portrait-robot type ….
La plupart des Diogène sont âgés, cependant, certains syndromes peuvent de déclarer chez des personnes plus jeunes (ils sont alors presque toujours associés à des troubles psychiatriques identifiés)
Les Diogènes sont plûtot des femmes : cela peut s’expliquer par la durée de vie plus longue de ces dernières ; la fin de vie ,en tant que veuve, révèle le syndrome, ayant pu être bloqué ou attenué, jusqu’alors, par une vie en commun .
Le milieu socio-culturel n’est pas un facteur : tout est possible, des plus pauvres aux plus riches « mendiants thésauriseurs » comme les deux célèbres frères Collyers milliardaires qui ont vécu comme des Diogènes dans le New-York des années 1930 et qui sont décédés… étouffés sous l’éboulement d’une tranchée située au milieu des objets qu’ils avaient accumulés; ou encore Howard Hughs, célèbre réalisateur américain qui se laissa agoniser dans sa villa d’Acapulco .Ces situations ne semblent pas être en relation avec des problèmes financiers : très souvent les revenus de ces sujets sont corrects, voire aisés.
Il est possible d’avoir le mode de vie de Diogène à la campagne (le Diogène rural est souvent entouré de beaucoup d’animaux), comme à la ville (dans 20 comme dans 150 mètres carrés).
Comment ?
On le voit le syndrome de Diogène pose un problème complexe :
– de nuisances ,de salubrité, de danger : le voisinage peut-être fortement incommodé par la proximité d’une maison, ou d’un appartement occupé par un Diogène (odeurs,animaux nuisibles,aspect visuel,problèmes d’insalubrité pouvant amener des maladies,risque de départs de feu, voire d’explosion par accumulation de combustibles) . Parfois il faut vider les locaux en urgence par arrêté municipal car ils sont devenus insalubres et menacent la sécurité de l’habitant et du voisinage.
– de diagnostic : celui-ci est parfois très tardif, il s’agit le plus souvent d’une situation chronique ayant évolué depuis très longtemps, très lentement . Le sujet peut s’être désocialisé progressivement et même parfois en se « camouflant ». La découverte pouvant se faire, par exemple lors d’une hospitalisation après brûlure, ou gelures accompagnant souvent un état incurique.
– de libre arbitre : les études démontrent que près de la moitié des personnes signalées n’ont pas de pathologie mentale caractérisée qui permettent d’intervenir dans un cadre médical défini . La loi française n’oblige pas les médecins à intervenir à l’encontre d’une personne qui jouit de sa pleine capacité. Il faut respecter la liberté d’autrui. Mais, existe-t-il des limites ? Le dilemme entre une logique de non intervention ……et une intervention aux modalités longues et compliquées ….
Lorsqu’un bilan a mis en évidence une maladie, la prise de décision est facile: l’hospitalisation s’impose. Lorsqu’un bilan ne révèle aucune maladie, personne ne peut savoir ce qu’il y aurait lieu de faire ou de ne pas faire.
Les soins :
Le traitement doit commencer par la détection des cas de risque, puis l’admission dans un hôpital spécialisé ou une unité de gériatrie, avec étude des troubles médicaux. La plupart du temps, ces personnes «hors norme» arrivent dans le système médical dans des situations extrêmes, lorsque les complications liées à leur mode de vie surgissent. Ce peut être suite à la demande venue du voisinage qui s’est plaint des odeurs, des animaux nuisibles comme les cafards ou encore en raison d’un début d’incendie, une fuite d’eau… Ou lorsque les patients arrivent à l’hôpital aux urgences pour des brûlures, parce qu’ils ont tenté d’éteindre un début d’incendie, ou des gelures, parce qu’ils dorment la fenêtre ouverte pour ne pas être trahis par les odeurs.
L’accompagnement demande du temps. Les psychiatres recherchent toujours une pathologie neurologique ou psychiatrique. Mais il faut du temps pour tisser un lien de confiance . Ensuite, lorsque le lien est établi, les spécialistes expliquent qu’ils passent un pacte avec les «Diogènes»: «Nous allons vous aider à vivre comme vous l’entendez mais vous devez nous aider à ne pas être expulsé et à ne pas vous mettre en danger. il convient de traiter alors, également, une éventuelle pathologie psychiatrique associée (dépression, délire chronique).
On prend ensuite des mesures adaptées de protection sociale pour éviter la rechute du patient dans ses conditions de vie antérieures.
S’il n’est pas possible d’assurer la vie en commun ou de placer le patient dans une institution sociale, il faut lui assurer un suivi régulier, des visites à domicile, et un travail coordonné de services sanitaires (médecin, infirmier(e), ergothérapeute) et sociaux (travailleur social) .
Le debarras et nettoyage de maison ou appartement est malheureusement souvent l’issue finale à un cas de syndrome de Diogène : pour permettre la remise en état d’un bien dans le cadre d’une vente, ou d’une restitution à la location .
Brocanteurs, debarrasseurs, antiquaires, sociétés de nettoyage sont, en général les meilleurs interlocuteurs dans ce cas .
Tout commence par la visite du professionnel compétent (assurez vous qu’il l’est en lui demandant éventuellement son extrait KBis ou Siret ,ou carte professionnelle ), car une assurance est nécessaire dans ces conditions parfois difficiles et insalubres . Cette visite doit lui permettre de rédiger un devis .
Ce devis tiendra compte d’éventuels meubles et objets revendables (quand il peut les voir …! ), des volumes à évacuer ; du travail à effectuer (débarras, tri, mise en déchetterie, transport, main d’oeuvre … etc..) ; de la configuration des lieux (étages, ascenseur, escaliers ..etc) , de vos exigences particulières (transport, restitution d’objets personnels)
Ce devis doit mentionner le montant de la prestation (HT ou TTC) , une estimation du temps à passer ,éventuellement les volumes mis en jeu ; une période d’intervention ; les modalités de règlement . Ce devis peut être global, ou détaillé, selon le nombre d’objets en jeu.
Ce devis peut être immédiat (oral ou écrit) si le problème est simple ; ou bien intervenir quelques jours plus tard pour étudier un problème particulier ( gros volumes d’encombrants ; objets spéciaux ou dangereux ; combustibles ; véhicules ; animaux ; démontages particuliers, insalubrité…etc)
Apres réflexion et acceptation du devis ; définissez :
– les dates d’intervention ,
– les modalités de règlement ;
– les modalités de remises des clés avant, et après (en mains propres…., par l’intermédiaire d’un tiers -agence immobilière, notaire …..etc – ) ,
– les modalités de contrôle du travail effectué .
Dans ces cas particuliers de Diogène , les opérations peuvent parfois s’effectuer en plusieurs temps : un premier temps de déblayage permettant un accès à un inventaire par un notaire, ou à la re-découverte de biens ou documents familiaux ; puis un deuxième temps de finition du debarras, nettoyage ; desinfection , ou dératisation éventuelles .